Epures
(2-11-2004)


(CD Mercury 982338-1)

Origine :
« J'avais envie de me nettoyer les oreilles, comme quand on a mangé des choses sophistiquées pendant trois jours et qu'on rêve d'une laitue. J'ai eu l'idée d'écrire quelque chose qui est une suite pour voix et piano. J'ai voulu quelque chose de court, de petit, peu de mots, peu de notes, très épuré. C'est une espèce de petite boîte dans laquelle on rentre et s'il y a de la mélancolie, c'est la mélancolie de notre époque. » William raconte aussi qu'il l'a conçu comme un cycle de mélodies à la manière des Voyages d'hiver (Die Winterreise) de Franz Schubert. Comme à l'habitude, la mise au point des paroles s'est révélée douloureuse : « Il n’empêche que j’ai encore une fois beaucoup transpiré sur les textes. Le français est une langue musicale mais compliquée. Alors je pique partout : dans Léo Ferré, Paul Valéry, Anna de Noailles…»
William Sheller n'ayant pas l'intention de « sortir » l'album du siècle assorti d'une méga-promo, mais plutôt de publier une sorte de document ou de témoignage personnel au piano, a enregistré les chansons chez lui sur son propre instrument : « Lorsque l’on décide d’enregistrer tout seul au piano, soit on va dans un studio, avec un instrument qu’on ne connaît pas, et c’est très froid ; soit on travaille chez soi, pour la chaleur. J’ai tout enregistré en direct à la maison, sur mon propre piano. Il a ses petits défauts mais je sais les utiliser et y planquer les miens, et j'ai tellement l'habitude de cet instrument…» William pensait que l'enregistrement serait plié en une semaine, mais il a fallu plus d'un mois pour obtenir un son agréable qui ne ressemble pas à une maquette. De plus, il a été victime d'effets sonores non prévus au programme : « Ce n'est pas très facile d'enregistrer chez soi, parce que quand on est dans un studio c'est très aseptisé et insonorisé, mais chez soi y a des mouches qui passent, y a les canards de l'étang d'à côté, y a les punaises qui tombent, y a des tas de bruits… alors de temps en temps on se dit : "Ah, je suis sur la bonne prise ! ", et puis avant d'arriver à la fin, "Coincoincoincoincoin…" (les canards de l'étang d'à côté), c'est foutu et il faut recommencer. »
Au niveau de l'effet général de l'album, « J'avais envie qu'on soit comme assis à côté de moi, sans effets, sans réverb'… à poil. Je voulais des trucs comme à la maison. » Il précise également dans une autre émission : « Je ne voulais pas donner l'impression du monsieur qui est accompagné par un piano. Quand on est assis juste à côté de moi, on entend un peu ma voix qui vient raconter les choses, mais enveloppée par le piano comme si c'était les murs de la pièce, ce piano. » Un enregistrement simultané du piano et du chant réalisé sans trucages, avec deux gros micros placés en l'air pour capter l'effet global de la pièce, deux petits micros installés à l'intérieur du piano et un autre pour recueillir la voix. « On ne peut pas corriger quoi que ce soit : n'oubliez pas que la voix colle au piano dans la même prise. C'est un travail très empirique. Certains jours ça ne donne rien, il faut insister et attendre le petit miracle. » Alors lorsqu'on enregistre un morceau dans ces conditions, « Il faut aller d'un bout à l'autre, faut jouer proprement, bien, y mettre son cœur. Cela veut dire qu'il y a des jours on fait sept-huit prises et ça marche pas, on n'a pas le bon truc… et puis le lendemain matin après le café, alors pourtant que la voix en principe elle est pas bonne, on se met au piano et paf, c'est la bonne prise ! »

Pochette :
Un dessin à la palette graphique « épuré » des principaux traits du visage et des lunettes de William Sheller, réalisé par Seb Jarnot en parfaite adéquation avec le titre de l'album.

Contenu :
Huit chansons inédites et une reprise des Machines absurdes en piano-voix, ainsi que trois instrumentaux composent cet album d'une infinie mélancolie, avec cette voix blanche si caractéristique, contant le désarroi pudique, les petits malheurs du quotidien et les passions un peu bancales sous la bruine automnale. Des chansons plutôt brèves d'apparence minimaliste, des « miniatures » qui ont pourtant nécessité pour en arriver là un patient travail d'élagage, « surtout dans les mots. Les mélodies, elles, étaient simples. Mais pour arriver en deux phrases à donner une image, il faut éliminer. Le français est superbe au niveau de la musicalité, mais il faut savoir le placer, mettre les temps forts et les temps faibles là où sont les temps forts et les temps faibles de la musique. Je veux également que cela rime. Et quand, pour le sport, je fais des rimes croisées, embrassées... cela complique tout. » En réalité, souligne William, « ce disque incarne une fausse légèreté, et renferme en fait beaucoup de travail et de sueur. »
William a également pris soin d'intercaler quelques instrumentaux au piano, comme il le fait régulièrement à l'intention des pianistes amateurs qui souhaitent jouer chez eux des morceaux modernes assez courts, et si possible pas trop difficiles à exécuter.
Certains ont regretté qu'il soit long de seulement 33 minutes. Mais comme le résume si bien William : « Est-ce que la qualité d'un livre se mesure au nombre de pages, ou celle d'un tableau à la largeur de la toile ? C'est comme le vin. On peut se gaver d'énormes litrons pour pas cher. Moi je fais du 75 centilitres, mais c'est mis en bouteilles au château. »
Plusieurs chansons issues de cet album ont été interprétées pour la première fois sur scène le 22 janvier 2005 à la Maison des Arts de Créteil.

Chanson d'automne


(CD single Mercury)
-2004-

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Note :
Deux éditions dans le
commerce :
- une sous boîtier cristal
réf. Mercury 982 338-1
- une dans un digipack
+ fourreau
réf. Mercury 982 337-9