William
Sheller et
le quatuor Halvenalf
(1984)

(33 t Philips 824069-1)
(CD Philips 824069-2)
(K7 Philips 824069-4: ) |
Face A : |
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1. Ouverture (instrumental) |
4'00 |
2. Maman est folle |
2'20 |
3. Les
mots qui viennent tout bas |
2'40 |
4. Le capitaine |
3'42 |
5. Chanson lente |
2'45 |
6. J'suis
pas bien |
3'16 |
7. A franchement parler |
3'40 |
Face B : |
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8. Oh! J'cours tout seul |
3'00 |
9. Les filles
de l'aurore |
3'37 |
10. Le carnet à spirale |
2'25 |
11. Nage libre (instrumental) |
2'05 |
12. Une chanson noble et sentimentale |
2'45 |
13. Symphoman |
4'53 |
14. Simplement |
4'38 |
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Origine :
Concert avec quatuor à l'Olympia :
William Sheller et le quatuor Halvenalf ont enregistré cet album live lors
d'une série de concerts donnés à L'Olympia du 11 au 16 septembre
1984, avec un énorme succès.
William avait intitulé son récital intimiste « Le plaisir d'un spectacle ensemble » : « Je voudrais, à l’Olympia, que le public se sente dans mon salon. Avec un décor néo-classique, j’ai cherché à créer plus un climat de concert que de show. Un truc ni branché ni moderne, un peu de l’opéra qui serait passé par Guignol avec un petit côté distribution des prix. »
Sans batterie ni sono crachant des décibels ravageurs, William chantait à son piano seulement accompagné par deux violonistes, un altiste et une violoncelliste. Il s 'en est expliqué à l'époque dans plusieurs interviews télévisées « Pendant longtemps on a augmenté les plateaux en mettant de plus en plus de sono, de plus en plus de lasers. On a vu des groupes arriver avec trois notes, mais avec 1 milliard de matériel qui faisait que ça devenait du spectacle, mais plus de la musique. En plus, ce système faisait qu'on perdait le contact avec le public, et c'est très important. Ce qu'il fallait, c'est peut-être prendre le contrepoint de tout ça et puis proposer de la musique à l'état Pur. Je me suis dit qu'un quatuor à cordes, c'était vraiment la base et l'essentiel de la musique, et que ça pouvait être intéressant. Un quatuor, c'est quatre types avec un archet mais il n'y a jamais le même coup d'archet sur une note, c'est tout un langage. »
Grâce à cette formule, William a découvert un public disponible et réactif qu'il n'avait pas perçu lors de ses premières prestations sur scène avec un orchestre électrique bruyant où il ne s'entendait pas chanter: « Et je m’en régale avec mon actuelle formule acoustique. Quel beau silence dans la salle. J’alterne chansons et morceaux instrumentaux. Apparemment, les gens aiment. Et moi, j’aime partager ce climat avec lui. On est dans la même eau, dans la même histoire. Comme si on composait quelque chose ensemble, dans l’instant. »
Un musicien "marginal" qui rassemble les foules :
Mais comment l'idée de se produire avec un quatuor à cordes lui est-elle donc venue ? « Un jour je me suis dit qu'il fallait peut-être changer de formule. Une chose que je n'aime pas, c'est la routine. Et aller sur scène sans arrêt avec une batterie, une guitare, une basse, bon c'est toujours la même chose : ce sont des camions, trente personnes qui se déplacent, tout ça. Et au bout de deux ans, trois ans de tournées, je commençais à tourner en rond, c'est le cas de le dire ! Et je me suis dit, si on ouvrait tout ça, si on cherchait autre chose ? Il y a des tas de musiciens qui jouent d'autres instruments et qui aiment tout aussi bien la chanson, une forme de musique d'aujourd'hui. Alors j'ai commencé à mijoter l'affaire, et puis voilà, je suis parti ! »
Evidemment lorsque William fit part aux
responsables de sa maison de disques de ses intentions d'aller sur scène avec un
quatuor à cordes, ils le toisèrent avec un air dubitatif : « On ne m'a pas beaucoup soutenu dans cette aventure. Quelqu' un dans la maison de disques m'a dit : "Moi aussi j'ai des copains qui quittent leur boulot avec un sac à dos et qui s'en vont sur les routes ". Moi, mon sac à dos, il est en train de se doubler de vison. Et ce même personnage est arrivé ventre à terre, quand il a entendu que ça marchait bien et que les salles étaient pleines. »
Pour réaliser son projet, William s'est associé au quatuor Halvenalf, composé de concertistes amateurs belges de très haute volée. Il les présentait ainsi à l'époque : « Le quatuor Halvenalf- ce sont des Belges mi-francophones, mi-Flamands, deux d'entre eux viennent de "Julverne"- sont de bons interprètes de Brahms et de Schubert, mais pour le spectacle c'est tout différent ! Ce ne sont pas des professionnels, mais des amateurs de très bon niveau qui font autre chose à côté. »
Un gros travail s'en est bien sûr ensuivi pour adapter les orchestrations de chansons habituellement jouées avec un orchestre électrique: « Un archet peut être tout aussi mordant qu'une guitare électrique, tout est question de savoir comment l'écrire. Ce n'est pas un travail très facile : pour écrire un quatuor de cinq minutes, il faut 5 à 6 000 notes... Calculez... Cela fait trois mois de préparation en gros. Mais enfin, je n'ai jamais vu quelqu'un qui soit venu après un concert me dire : "Ah, on regrette la batterie !" Au contraire on m'a dit: "Là on entend les paroles, on n'avait jamais écouté les paroles !" Il se passe autre chose, c'est un autre phénomène. »
Durant l'année 1984, cette étonnante formation piano et quatuor à cordes prit effectivement la route et rencontra très vite le succès au Théâtre 140 de
Bruxelles (février 1984), au Printemps de Bourges (avril 1984), puis lors d'une série de concerts à
travers la Belgique. William fut même l'invité vedette du Festival de Spa, où il donna une prestation très remarquée... Avant le passage à l'Olympia, trente concerts furent ainsi donnés sans aucun appui médiatique, mais
toujours à guichets fermés devant un public des plus enthousiaste
venu grâce au bouche-à-oreille : « Pour ma maison de disques,
je passais pour un véritable marginal, mais moi qui était sur scène,
au contact des gens, je savais bien que je ne me trompais pas. »
Au total, William et son quatuor réalisèrent ainsi plus de 150 spectacles dont une partie patronnés par les Jeunesses Musicales de France. Au fil des concerts, l'harmonie sereine créée par le mariage du piano et du quatuor à cordes a touché tous les publics, même les plus inattendus : « Un punk m'a dit que, finalement, les quatuors, c'était moins ennuyeux qu'il croyait ! »
Pochette :
Durant ces concerts, William Sheller et ses musiciens jouaient dans une ambiance « néo-classique en trompe-l'œil avec des colonnes gréco-romaines peintes sur la toile. Comme un décor d'opéra ou de Guignol. Entre le naïf et le sourire, mais le classicisme en toile de fond. » Le tout créé par la décoratrice Annie Masquelier.
La photo de la pochette a été réalisée durant l'un des concerts par Laurence Thessieu.
Contenu :
Ce concert commençait par un instrumental
: lors de ses premiers pas sur scène, Nicoletta avait en effet conseillé
à son ami William de placer au début de sa prestation un morceau
sans importance, le temps que les spectateurs s'installent, détaillent
les musiciens et constatent « que le chanteur a pas mal vieilli depuis
la dernière fois, ou qu'il est plus petit qu'à la télé. »
Pour le contenu, un mélange harmonieux de chansons très anciennes (Symphoman, Le Carnet à spirale...) ou plus récentes (Le Capitaine, Maman est folle ou Les Filles de l'aurore, publiées un an auparavant) toutes dépouillées de leurs orchestrations sophistiquées et épurées à l'usage du piano et du quatuor à cordes. Une formule inusitée jusqu'alors permettant de retrouver le lyrisme un peu fragile et le romantisme discret du compositeur, tout en valorisant les qualités mélodiques de l'interprète.
Les commentaires
entre les chansons ne figurent malheureusement pas sur cet enregistrement.
* Remarque 1 : William a repris cette formule piano + quatuor vingt ans après lors
de sa tournée de 2005, avec la même musique en ouverture !
* Remarque 2 : Chose rarissime, la prestation de Didier Odieu, un jeune chanteur belge qui intervenait pour trois chansons au cours du spectacle, a aussi été enregistrée et
publiée
sur un disque 45 tours.
Autres
musiciens de l'album :
Quatuor Halvenalf : Jeannot Gillis (1er violon),
Jacqueline Rosenfeld (2e violon), Claudine Steenackers (violoncelle), Wiet Van de
Leest (alto).
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Voir leur biographie  |
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Oncle William
raconte...
"Son concert avec un
quatuor à cordes"
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Notes :
* Les éditions sur CD comprennent un quinzième titre en bonus sans rapport avec ce disque live : Mon Dieu que j'l'aime, (nouvelle version studio parue sur 45 t en sept. 1984) |