Sheller en solitaire
(6 mai 1991)


(CD Philips 848 786-2)
(K7 Philips 848 786-4 : )

1. Symphoman 5'21
2. Maman est folle 1'50
3. Basket ball 4'48
4. Genève 3'34
5. Les mots qui viennent tout bas 2'44
6. Les miroirs dans la boue 3'57
7. Un endroit pour vivre 3'45
8. Fier et fou de vous 2'40
9. Nicolas 3'02
10. Oh! J'cours tout seul 3'52
11. Chanson lente 2'28
12. Une chanson qui te ressemblerait 2'55
13. Les filles de l'aurore 3'28
14. Petit comme un caillou 2'36
15. Un homme heureux 3'40


Origine :
William Sheller a enregistré cet album le 19 mars 1991 au studio Davout devant un petit public de 200 personnes invitées. Une curieuse formule, peu courante à l'époque, d'album live capté non pas dans une salle de spectacle, mais dans un studio d'enregistrement.
Le double avantage, c'est que l'artiste bénéficiait du confort technique d'un vrai studio d'enregistrement, mais avec l'émotion d'un vrai public, qui de son côté, avait pleinement conscience d'assister à un évènement rare et privilégié.
Au départ de ce projet, William n'avait pas du tout la volonté de changer radicalement de style, en offrant un disque complètement dépouillé après avoir publié deux albums symphoniques. Selon lui, c'était « juste un instant. Il m'arrive de temps en temps de faire des récitals au piano, alors on a voulu en conserver un souvenir. Simplement pour avoir dans le répertoire
un enregistrement d'un concert au piano. J'ai enregistré cet album en une heure et demie, évidemment puisqu'il suffisait de jouer ! » La fabrication de l'album a pris en tout trois jours : enregistrement public le premier jour, réalisation du clip et des photos le deuxième jour, et enfin mixage le troisième jour. Autant dire que la maison de disques a apprécié l'excellent rapport qualité-prix de cet enregistrement... L'idée de faire cet album étant venue d'un concert que William avait donné seul au piano à l'Olympia le 3 décembre 1990.
William a commencé à se produire en piano-solo en 1982 à la suite d'une altercation de ses musiciens avec les douaniers belges, qui bloquèrent à la frontière le camion contenant le matériel et les instruments. Ce jour-là, le chanteur dut assurer seul un concert en direct à la RTBF en clôture du festival Franc'amour de La Louvière : « Tout a commencé à la frontière où un soir, pour un rocambolesque problème de papiers, mes musiciens sont restés bloqués. Impossible de faire entendre raison aux douaniers. Alors, je me suis présenté seul en scène. D’abord, j’ai hurlé et matraqué le piano pour assouvir ma rage et compenser le vide. Puis j’ai découvert le bonheur d’accepter les silences et d’écouter le public. Ce n’était plus un show un peu lointain mais une veillée entre amis, plus un récital, mais un régal d’intimité. On voyais plus le bonhomme, moins le spectacle. Puis j’ai décidé de continuer ! »
A l'époque, le milieu de la musique considérait que se produire sur scène seul au piano « faisait pauvre » : aussi, les rares chanteurs qui s'y risquaient utilisaient-ils une bande-son en fond sonore. Lorsque la mère de William vit pour la première fois son fils seul en scène, elle lui dit avec des larmes dans les yeux : « Quand je pense que tu en es réduit à ÇA !! Tu aurais pu au moins mettre une bande-son derrière ! »
A force d'obstination, William Sheller finit par imposer ses concerts piano-voix sur la scène belge, et plus tard en France. Il commença par écumer les petites salles des maisons de la culture ou même les discothèques, avant de pouvoir passer à des salles plus grandes grâce au bouche-à-oreille positif des spectateurs. Ses spectacles en piano-voix continuent aujourd'hui à rencontrer beaucoup de succès en France, en Belgique et en Suisse.

Pochette
:
Une photo de Claude Gassian montrant William Sheller à son piano pendant son récital au studio Davout. L'éclairage lui donne une curieuse physionomie très maigre et l'air d'un homme âgé.

Contenu :
Ce disque témoigne de la grande intimité que William Sheller sait créer avec le public grâce à la seule présence et complicité de son piano : « C'est beaucoup plus personnel, le rapport à l'humain est complètement différent, il y a de beaux silences, de belles écoutes. Ça me donne le temps de raconter comment viennent les chansons, aussi. C'est comme à la maison. » Une formule simple, naturelle et conviviale de rencontre avec le public : « Quand on n’a pas de musicien à côté, on n’est pas tenu par la rigueur. On peut tout faire. S’arrêter, parler au public, délirer, improviser, changer de ton ou de morceau ! La liberté ! Et surtout échanger avec ceux d’en bas. » Une manière aussi de mieux faire saisir la profondeur d'une chanson sur le plan des mots et de la musique en la présentant sans aucun artifice, «toute crue, telle qu'elle sort. » Ce plaisir est d'ailleurs largement partagé par les spectateurs qui lui disent souvent : « On vous préfère au piano parce qu'on a l'impression que vous nous appartenez. »
William nous offre ici une relecture merveilleusement dépouillée, d'un calme absolu et d'une grande douceur de ses plus belles chansons, face à un public restreint et réservé qui applaudit très timidement. On y retrouve quatorze chansons connues et un inédit appelé à un grand avenir, Un homme heureux.

Totalement atypique dans le paysage musical électronique de l'époque, Sheller en solitaire a rencontré un véritable succès populaire : à la fin de l'été 1991, ce disque réputé « invendable » avait déjà atteint les 100 000 exemplaires (disque d'or). Au bout de cinq mois, il était double disque d'or (200 000 exemplaires vendus), puis triple album de platine (300.000 exemplaires) en janvier 1992. Le 1er février 1992 au Palais des Congrès, Sheller en solitaire a été récompensé aux Victoires de la musique comme le «meilleur album de l'année», et le titre Un homme heureux comme « meilleure chanson de l'année. »
C'est à ce jour l'album de William Sheller qui s'est le mieux vendu. Mais comment expliquer cet engouement soudain pour un disque absolument hors-mode ? « C’est un album intime, cool, qui ne fait pas de bruit, et ne dérange personne… Je ne sais pas. Peut-être les paroles étaient-elles davantage mises en avant et les gens se sont retrouvés dans les histoires…»


Oncle William raconte...
1) "Chanter seul au piano"


2) "Un album au succès improbable"

Un homme heureux/
Une chanson qui te ressemblerait



(45 t Philips 868 330-7)
(K7 2 titres Philips 868 330-4 : )
(CD 3 titres Philips 868 331-2 :
Un homme heureux/Une chanson
qui te ressemblerait/
Un endroit pour vivre
)
- 1991-