Salut ! N°20
8 au 21 juin 1977

Qui es-tu William Sheller ?

 

Auteur, compositeur, interprète, arrangeur, William Sheller ne ressemble à personne, ne s’habille comme personne, ne danse comme personne, ne sourit comme personne, ne parle comme personne… Et pourtant, tout le monde l’aime bien. Mais sais-tu qui se cache vraiment derrière l’humour de ce personnage et qui est ce garçon bourré de charme et de talent ? C’est pour le savoir que Salut ! a rencontré William…


- «Pourquoi n’as-tu jamais encore chanté sur scène ?»
- «Si je me laissais aller, je préfèrerais rester chez moi à écrire des chansons parce que c’est ma vraie nature… C’est ce que j’ai fait ces dernières années mais maintenant, je sens qu’il est temps de faire de la scène. Il faut que je prouve au public que je suis capable de lui montrer un spectacle. Il faut que je me force un petit peu pour quitter ma vie, ma tranquillité. Je commencerai donc ma tournée en province au mois de septembre, et elle se terminera par un grand spectacle à Paris.»

- «Si tu avais la possibilité de réunir autour de ta table diverses personnalités, qui inviterais-tu ?»
- «Salvador Dali, Piazzola… Attali (conseiller financier de Mitterrand), qui est l’auteur de «Bruits», un livre passionnant qui parle de la musique sur le plan financier et social. C’est l’évolution du statut de musicien, du troubadour à la Pop-Star… Qui inviterais-je encore ? Ah oui, Paul Mc Cartney et Ken Russel.»

- «Ta grand-mère est voyante. Quelle est son influence sur toi ?» 
- «Le monde de la voyance est un monde que je connais depuis longtemps. Tout ce que l’on m’a dit s’est vérifié… Il y a la même différence entre quelqu’un qui consulte un voyant et quelqu’un qui n’en consulte pas, qu’entre un voyageur qui réserve sa place assise à l’avance et un voyageur qui ne le fait pas : tout le monde fera le voyage mais certains seront assis, les autres resteront debout. Je consulte le voyant de Régine, et Françoise Hardy pour les astres. Quant à ma grand-mère, c’est elle qui me parle quand elle en a envie.»

- «Es-tu voyant toi-même ?»
-« Absolument pas. Si j’ai des dons, ils se sont reportés sur la musique.»

- «Les voyages sont-ils une bonne source d’inspiration ?»
- «Pas pour moi, car je ne suis pas un fanatique des voyages. Il faut me pousser pour prendre l’avion. Pourtant, une fois que je suis parti, je suis heureux et je m’en mets plein les yeux, plein le cœur et plein les oreilles. Quand je suis ailleurs, je ne le regrette jamais.»  

- «Tu es américain et tu vis en France. Cela signifie-t-il que tu ne t’intéresses pas à la musique américaine». 
- «Je me sens beaucoup plus français qu’américain. Les Américains font un complexe de supériorité sur le plan musical et je trouve cela agaçant. Surtout qu’il ne se passe plus grand-chose chez eux ! Je crois beaucoup à ce qui va se passer en Europe dans les années à venir. Je ne parle pas des Anglais car leur musique à eux se déglingue complètement. Ils ne savent vraiment plus quoi faire… Les Français ont bien digéré la culture musicale des Etats-Unis et maintenant, c’est à eux de s’exprimer. J’ai une grande foi dans les musiciens français.»

- «Est-ce pour cela que tu chantes en français ?» 
- «Je n’adhère pas du tout à la légende qui fait du français une langue incapable de swinguer. Si je sors un disque aux Etats-Unis ou en Angleterre, il sera en français… le public le prendra comme cela ou le laissera. Je ne me forcerai pas à chanter en anglais.» 

- «Tu habites la même maison que tes parents. Quels sont vos rapports ?»
- «Nous n’avons jamais eu des rapports de parents à enfant. C’est un état de fait et je ne peux pas te dire si c’est bien ou mal.»  

- «T’intéresses-tu toujours à la peinture ?»
- «J’aime beaucoup peindre mais je n’y connais rien. Quand j’aime une toile, c’est viscéral beaucoup plus qu’intellectuel. J’aime les hyperréalistes et les choses très figuratives. Le cubisme est une mode qui ne m’a pas beaucoup touché… Les peintres reviennent à leur première vocation. La peinture revient à la peinture, comme la musique revient à la musique. Je pense qu’il n’y a pas de notion de progrès en matière d’Art.»

- «Quel est le rôle de l’argent dans ta vie ?»
- «C’est le moyen de travailler tranquillement. Le fait d’être célèbre ouvre des portes, mais depuis que je suis dans le show-business, j’ai moins le temps de faire la musique pour laquelle je voulais gagner de l’argent. Je dois donc faire passer dans mes chansons le maximum de choses que j’ai dans la tête tout en faisant des chansons commerciales… Ce qui n’est pas du tout péjoratif.»

- «Quelle est ton émission de télévision préférée ?»
- «J’ai une passion pour les Muppets. J’annule tout rendez-vous pour suivre cette émission que je trouve excellente. Et la version française est très bien faite !»

- «Si tu avais une baguette magique qui te permette de formuler trois vœux pour l’avenir. Quels seraient ces vœux ?»
- «Premièrement, que le métier du show-business revienne entre les mains des musiciens et non des commerçants. Deuxièmement, que les gouvernements soient faits par des philosophes et non par des politiciens. Troisièmement, que tout le monde puisse avoir un sourire d’une oreille à l’autre. Voilà mes trois vœux.»