Salut ! N°71
13 au 19 septembre 1978

André Torrent a interviewé
William Sheller

(par André Torrent)

 


Chaussettes blanches, bermuda, saharienne, banane en bakélite agrafée sur le revers, William Sheller, après avoir vécu cinq ans au soleil, à la campagne, fait enfin sa rentrée parisienne, avec des tas de projets en tête. La banane est à la saharienne ce que le strass est au smoking…

- André Torrent : «La dernière fois que je t’ai rencontré, c’était chez Joe Dassin à Feucherolles, le soir où il pendait la crémaillère de sa nouvelle maison. Etes-vous de bons copains ?»
- William Sheller : «Oui, cette amitié est assez récente. En ce moment, je lui écris des chansons pour son prochain album.»

- «Comment s’est déroulé ton voyage au Japon ? Racontes-nous cette épopée.»
- «Le Japon est un pays un peu curieux, je n’ai jamais pu m’habituer à la cuisine locale, j’ai mangé des dizaines de hamburgers.  La chaleur est étouffante, les voitures climatisées provoquent des rhumes. Au bout de deux jours, c’est l’enfer.»

- «Mais tu n’étais pas là-bas pour faire du tourisme, tu es parti pour des raisons professionnelles, qu’en as-tu rapporté ?»
- «J’étais l’orchestrateur de Lydia Verkine qui représentait la France au Festival. Quand nous sommes arrivés, on nous a dit : "Untel aura le premier prix, untel le second et vous aurez un petit prix gentil". Nous nous sommes retrouvés avec un petit bloc en  verre qui sert de presse-papier.»

- «Où as-tu passé tes vacances ?»
- «Chez moi. Je ne suis pas parti aux Seychelles ou dans un autre pays lointain pour profiter de ma maison, de mon beau jardin et de la piscine de ma voisine, Catherine Lara. J’ai aussi composé quelques musiques et un concerto pour violon.»

- «Quel est ce concerto pour violon ?»
- «Catherine Lara a rapporté de Los Angeles un violon baryton plus grave qu’un violon normal et comme le son m’intéressait, j’ai écrit cette partition que nous irons créer au Québec au mois de septembre.»

- «De ta chanson J’me gênerais pas pour dire que j’t’aime encore tu as fait une mise en scène avec un côté très Bogart. Es-tu fan de lui ?»
- «J’avais envie de récréer ce climat. Cette chanson me permet de jouer des personnages différents dans des situations variées. Je pense que maintenant il faut mettre en scène cette chanson comme si on voulait réaliser un petit film. J’aime bien l’ambiance, l’atmosphère des films d’avant-guerre !»

- «Quelle sera ta rentrée ?» 
- «Ma rentrée sera parisienne mais pas mondaine. Je quitte la campagne où j’ai vécu heureux au soleil pendant cinq ans. J’ai beaucoup de projets qui m’obligeront à rester sur place et puis je dois avouer que Paris me manque énormément. Paris, je me gênerais pas pour dire que je t’aime encore.»