Le Parisien N°12434
7 septembre 1984
-Rencontre avant une série de concerts à l'Olympia, 11 au 16 septembre 1984-

Il ouvre la saison à l’Olympia
William Sheller : retrouvons la tendresse

(par Agnès Dalbard)

 



« Il faut changer, évoluer, revenir à l’émotion. Les gens en ont marre de la musique électrique, trop dure, trop forte. »
William Sheller, la brosse courte et proprette, la chemise clean, un look années cinquante revu et corrigé à la mode d’aujourd’hui refuse de se laisser enfermer dans un style. Sa prochaine prestation (du 11 au 16 septembre à L’Olympia) sera sans batterie, sans sono. Derrière son piano il sera accompagné par un quatuor à cordes.
« Retrouver le plaisir d’écouter », pourrait être la clé de ce nouveau récital qu’il a intitulé « Le plaisir d’un spectacle ensemble ». Il vient de le montrer en Belgique, avec succès, puisqu’il a fallu rajouter deux concerts à la tournée.
« Je voudrais, à l’Olympia, que le public se sente dans mon salon. Avec un décor néo-classique - des colonnes corinthiennes et bustes antiques meublent actuellement les murs de son appartement- et des éclairages de théâtre, j’ai cherché à créer plus un climat de concert que de show. Un truc ni branché ni moderne, un peu de l’opéra qui serait passé par Guignol avec un petit côté distribution des prix ».
Curieux personnage, William Sheller. Il est entré dans le showbiz en composant des arrangements pour Barbara. Ses chansons, personne n’en voulait.  « Pourquoi ne les chantes-tu pas toi-même ? » lui suggère la belle en noir. Né dans une famille de musiciens de jazz, il fait son conservatoire : piano, harmonie, orchestration.
« Pour écrire de la musique moderne, ici il n’y avait pas grand choix. C’est pourquoi je suis entré dans la "Variété". On peut tout y faire. Si j’avais un rêve de mégalo, je me verrais en Léonard Bernstein ou Gershwin. Après m’être laissé entortiller au début dans la "variétoche", depuis trois ans j’ai tout repris en main. Un break de deux ans qui m’a permis d’écrire ce que je sentais. Notamment des quatuors à cordes qui ont intéressé les frères Pasquier. Il faut sortir, aller de l’avant sinon on se sclérose. Regardez Stravinski, à quatre-vingt berges il composait encore ! »