24 Heures
19 novembre1985

- concert avec quatuor le 17 novembre 1985 à la salle de spectacles de Renens -

Coup d'cœur
William Sheller à Renens
(par Jean Ellgass)


L'unique récital en Suisse du chanteur William Sheller, organisé par les Cercles de l'Ouest, dimanche soir à la grande salle de Renens, n'était pas sans risque : popularité « en veilleuse » de l'artiste (que des problèmes professionnels ont passablement éloigné des scènes, donc du public), choix du jour, d'un lieu « décentralisé ». Mais cela n'a pas empêché plus de 400 personnes de se déplacer pour écouter le chanteur français et son quatuor à cordes jouer de la musique... à images. Une musique simplement superbe !
Il parle, William, il raconte sa vie entre chaque chanson. Il parle même beaucoup, d'une voix tendre, sans  violence. Il en serait d'ailleurs incapable : il est si timide que son regard se pose plus souvent sur le projecteur fixé au-dessus de nos têtes que sur celles-ci ! On le sent sur ses gardes, car il est de ceux qu'un rien écorche. On retrouve cette sensibilité « à fleur de peau » dans sa musique, dans ses textes. Des rythmes saccadés (comme s'il fuyait), des textes emplis de tendresse mais jamais mièvres, qui invitent à la quiétude.
Il n'a pas fini sa course, William. Il court et se retrouve toujours tout seul. Il y a quinze ans, il faisait dans le « ketchup ». Un jour, il largue ses chansons sucrées pour quelque chose de plus intime, d'authentique aussi. Il vogue alors seul avec son piano pour accoster en 1984 à l'Olympia de Paris, entouré d'un quatuor à cordes. Il a entièrement revu les arrangements de ses textes, et centre son spectacle sur l'émotion.
Sur scène, un décor sobre, baroque : deux colonnes gréco-romaines peintes sur des toiles, un buste posé sur un piédestal. Des cris d'oiseaux envahissent la salle. De la fumée achève de transformer le tout en un lieu surnaturel, un mélange de rêve et de réalité. Les premières notes de l' Ouverture résonnent alors (un thème à l'écriture classique) : c'est le début d'un voyage émotionnel que viendront enrichir des chansons telles que Maman est folle, Un endroit pour vivre ou Chanson lente entre autres...
« Encore un jour tout seul où tout fout le camp. Tu vois, je n'ai jamais su parler aux gens... » William Sheller est si timide qu'il en devient... trop modeste.