Le Quotidien de Paris N°2482
14-15 novembre 1987
- Le spectacle musical Quasimodo, joué à Paris du 14 novembre au 27 décembre 1987 -

Nicoletta, l’Esmeralda des enfants
(par Nicolas Choffel)

 


Victor Hugo parolier de Nicoletta ? L’énergique interprète de
Fio maravilla s’est effectivement convertie aux alexandrins avec la complicité musicale de William Sheller. La preuve, elle joue et chante le rôle d’Esmeralda dans Quasimodo. Une comédie musicale destinée aux enfants et présentée sous chapiteau par le Théâtre de l’Unité. Une façon plutôt originale pour la chanteuse d’échapper aux traditionnelles contraintes du show-business.


Perfecto revu et corrigé «médiéval», mini-jupe de tulle rouge et crinière de lionne, Nicoletta s’amuse visiblement beaucoup. « En vingt ans de carrière, je n’avais jamais eu l’occasion d’évoluer sur les tours de Notre-Dame, encore moins de faire des acrobaties. Heureusement c’est Quasimodo le funambule, pas moi.»
Si Nicoletta évoque en riant les courbatures de la veille, c’est que le plaisir et la difficulté de chanter dans ce décor imposant l’accaparent presque totalement. « La première chose dont je me suis inquiétée quand on m’a donné le rôle, c’est de trouver le compositeur idéal. Jacques Higelin était emballé, comme Lewis Furey, mais tous les deux ont dû déclarer forfait pour cause d’emploi du temps trop chargé. De toute façon, je suis ravie que William Sheller ait bien voulu faire la musique de Quasimodo. Ce n’est d’ailleurs pas notre première collaboration, mais l’évolution de William vers des choses très mélodiques s’accorde bien avec les paroles (forcément) romantiques de Victor Hugo. Comme je chante en direct, l’absence de repères ne simplifie pas les choses, et il faut contrôler en permanence sa voix pour l’empêcher de se perdre dans les hauteurs. »
« Réduit » à 5 500 places pour les besoins du décor, le chapiteau abrite de très grosses machines, capables de supporter les exigences de la pyrotechnie. Il y a de tout dans Quasimodo. Des feux d’artifice, des combats à cheval, des bombardes, des cages de fer, des animaux de toute sorte (dont la fameuse chèvre de la bohémienne), bref, une véritable « Cour des miracles ». On retrouve les traditionnels protagonistes de l’histoire, un Louis XI avec une belle tête de traître de mélo, un prévôt détesté, Phœbus (Pierre Laplace), l’amant de la bohémienne, et bien sûr Quasimodo (Antoine Rigot), le préféré de Nicoletta parce qu’il lui offre des oiseaux et des fleurs.
Séduite par la détermination des comédiens et du metteur en scène, dont beaucoup sont des « étoiles » de la LIF (Ligue d’Improvisation française), Nicoletta se défend de jouer ici un rôle de vedette. « Mon plus grand plaisir, c’est de jouer pour les enfants dans un spectacle très visuel et original. Pour l’instant ça me suffit. Après il y aura l’album du spectacle, et puis je partirai en Afrique avec "France Track", une association chargée d’amener des tracteurs offerts par des paysans français. Là aussi il y aura du spectacle ! »  

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Chapiteau du Théâtre de l’Unité, 181, avenue Daumesnil, Paris 12e.