Le Soir
12 octobre 1990

- Concert au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, 10 octobre 1990 -

William Sheller aux Beaux-Arts
Les belles histoires de l'oncle Bill
(par Thierry Coljon)




Cela fait déjà plus de trois ans que ce bon Willy était venu nous conter fleurette dans le jardin du Cirque royal. Une première catastrophique, mais un rétablissement spectaculaire par la suite avait sauvé de justesse les meubles classiques. Pourtant, si l'on appréhendait tout particulièrement cette nouvelle tournée «cuvée 1990», c'est surtout parce qu'elle faisait suite à l'album Ailleurs où Sheller, tout fier et trop heureux de pouvoir enfin s'offrir un orchestre symphonique, s'était pris la tête entre les mains et les pieds dans le tapis. Plus sérieux que cet album, tu meurs au cerveau.  
Après le meilleur (le solo piano) et le très bon (le quatuor à cordes), on pouvait s'attendre au pire avec une quinzaine de musicos (même belges) sensés allier la batterie aux cors et archets.
Et, pourtant, William s'en est plutôt bien sorti, annihilant nos craintes les plus justifiées. Grâce avant tout à cet humour retrouvé, ces bavardages qui vous le rendent sympa et irrésistible, un peu comme Jonasz qui use des mêmes ficelles. Oncle Bill raconte des histoires qui lui sont arrivées dans les parcs, dans les jardins, au bord d'un lac, n'importe où... À l'aurore de préférence. Son «quinze-têtes» est léger (léger vague à l'âme), les arrangements ont pris dix tonnes de moins (même si la batterie chargeait un peu trop à certains moments) et plutôt que de se prendre pour Beethoven ou Stravinski, notre «Symphoman» au cheveu ras est allé s'inspirer du côté de Haendel ou («Dans le kiosque on joue») de Mozart. Passant du piano solo pour les «tubes» vieux comme le Nouveau Monde au quatuor pour se rappeler le bon jeune temps avant de retrouver la formation au grand complet, William nous promène dans son petit monde intérieur, nous prend par la main et nous convie au voyage. Le public des Beaux-Arts est aux anges et en redemande, avant de scander un ultime merci en chœur au petit chanteur ému.
Merci pour avoir bissé l'inédit Un homme heureux, merci de n'avoir pas oublié Simplement, Les filles de l'aurore, Le capitaine, Le carnet à spirale, Oh ! J’cours tout seul, etc. Merci surtout d'être redevenu lui-même...

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William Sheller sera encore ce vendredi 12 octobre au Théâtre royal de Mons.