Le Figaro N°14690
15 novembre 1991
-Concerts à l'Olympia en piano-solo les 13, 14, 15, 16 et 20 novembre 1991-

William Sheller en solitaire
Poète, à ton piano !

(par Jean Macabiès)

 

Sur un plateau nu, nu, nu, un piano noir, noir, noir. Un homme seul, seul, seul, tutoie l’instrument dans une langue douce, à demi-mots, à pleines notes. Confidences psalmodiées, lambeaux d’enfance flottant comme écharpes de brume au soleil de la mémoire, fleurs séchées des rencontres d’un jour qui marqueront une vie, ribambelle de chansons buissonnières glanées sur les sentiers de traverse d’un solitaire itinéraire…
Tel était William Sheller sur sa paisible planète rose et bleue, qu’un pied de nez de la gloire médiatique hisse soudain au sommet du box-office. Longtemps bouchées, les trompettes de sa renommée propulsent Un homme heureux dans le tintamarre doré du showbiz. Battez tambours, sonnez clairons et tiroirs-caisses.
Ceux –et j’en suis- à l’écoute depuis des décennies de ce faiseur de chansons (1) se réjouiront de cette reconnaissance hautement proclamée qui, de plein fouet, nous offre l’artiste en pleine maîtrise de son art.
Précipitez-vous à l’Olympia : le meilleur de William Sheller est dans ce superbe déroulé de poèmes chantés, entrecoupé de petits textes parlés scintillants d’humour tendre, indispensables relais dans cette trajectoire initiatique. Un homme est là, en totale liberté qui, du fourre-tout de la mémoire, de la malle aux trésors d’une sensibilité à fleur d’âme, extrait, polit, façonne d’inestimables tableautins de grand maître, habillés des sonorités d’un tissu mélodique très classique où le jazz pointe le bout de la note. De message point, simplement la tendre chanson bien sage qui ne pleure que pour nous plaire au soir d’une rencontre avec nous-même, à l’appel lancinant et feutré du poète.

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Les 15, 16 et 20 novembre à l’Olympia.

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Note du site :
(1) Ce chroniqueur a plutôt la mémoire courte !
Cf. l'article ignoble qu’il avait écrit sur un concert de William en avril 1982 à l’Olympia.