Le Nouvelliste & Feuille d'avis du Valais
11 novembre 1994

Un chanteur heureux


William Sheller se renouvelle sans cesse. Quelle surprise réserve-t-il cette fois à son public ?

Barbara lui avait dit : « Ce n'est pas grave si tu n'as pas de voix; L'important, c'est de dire des choses. » La « leçon » a porté. William Sheller a trouvé sa voix, un peu ailleurs, un peu l'air de ne pas y toucher. Quant à dire des choses, il est spécialiste en la matière. Et il ne le fait jamais deux fois de la même manière. Chaque nouvel album, chaque spectacle de Sheller constitue une surprise. Un jour, on le quitte compositeur raffiné (la superbe musique du film L'Ecrivain public de Jean-François Amiguet, par exemple). Le lendemain, on le retrouve rock, résolument rock (le récent album Albion).

Varier les plaisirs
Son dernier spectacle, le grand Will l'avait donné seul au piano. Une formule audacieuse, inaugurée paraît-il à la faveur d'un bête contretemps. Les musiciens qui devaient l'accompagner ayant été retardés par quelques tracasseries administratives... Cette formule au piano-solo emballe public et critique. Le disque qui restitue ces moments magiques (Sheller en solitaire) se transforme en or et se couvre de lauriers, tandis qu'Un homme heureux, la chanson qui clôt l'album, reçoit la Victoire de la meilleure chanson de l'année.
Changement de décor pour son nouvel spectacle. William Sheller se produit entouré d'une vingtaine de musiciens. Qui jouent ensemble, ou regroupés en quatuor à cordes, en sextuor à vent, en violon et batterie, ou encore en basse, percussions et guitare, pour un quart d'heure électrique. A signaler, pour l'anecdote, que ce dernier instrument est tenu par un certain Siegfried, 21 ans, qui n'est autre que le fils du « Symphoman ».
Ce confort d'orchestration donne à William Sheller la possibilité de revisiter son répertoire, du Carnet à Spirale à J'cours tout seul. C'est que l'homme n'aime pas s'installer dans une routine. Il se sent plus productif, dit-il, quand il varie les plaisirs : « Regardez la vie d'artistes comme Cocteau ou Picasso. Ils ont changé de style plusieurs fois et se sont sans cesse renouvelés. Résultat, ils ne se sont jamais lassés et ont toujours eu cette faculté d'étonnement. » Sheller semble bien parti pour suivre ces prestigieux exemples.

* William Sheller en concert le 10 décembre à Genève (Grand Casino) et le 11 à Montreux (Auditorium Stravinski).