Nice-Matin
(édition de Cannes)
21 février 2000
-concert avec orchestre du 19 février 2000 au Palais des festivals de Cannes-

Cannes
Les tendre ballades de Sheller
(par Gaëtan Peyrebesse)



Une dégaine de teenager. Baskets, chemise ample, William Sheller est apparu sur la scène du Palais des Festivals, en toute décontraction, comme à son habitude. Il aura bientôt 54 ans, le 9 juillet prochain, ce n'est pas aujourd'hui qu'il va changer.
Et pourtant Sheller aime les expériences variées. Il nous l'a encore prouvé. Avec ses 19 musiciens, il promène son auditoire dans un univers tantôt classique, tantôt rock, tantôt jazzy. Violons, violoncelles, flûte traversière se mêlent à la batterie, aux guitares électrique, à la clarinette et au saxophone.
Alors se produit ce qui fait le charme de ce chanteur : il vous prend par la main, vous plonge dans son monde imaginaire, dans ses visions, ses rêves, ses désillusions. Avant chaque chanson, William Sheller dit quelques mots simples, non sans humour, annonce l'histoire qu'il va nous raconter.
Devant une salle comble, il a entonné ses vieux refrains qui pouvaient rappeler à chacun un moment de sa propre existence, de son passé. William touche toujours en plein cœur. Un homme heureux bien sûr, revu avec des accords de jazz en hommage à son père. La mélopée fantasmagorique du Nouveau Monde, l’enfantin et terrible Maman est folle, les nostalgiques Centre ville et Miroirs dans la boue, l'incontournable Carnet à spirale...
Et puis, les titres de son nouvel album ont cherché à apprivoiser le public : To You, Moondown aux accents celtiques, La vilaine maison à « chanter sous la douche » selon son auteur, Script un quatuor à cordes et sans paroles, et lors de son deuxième rappel Parade... Les spectateurs n'ont pas été contre.
C'est toujours Sheller et ses obsessions : la vie, l'amour, les rencontres, les déchirements, le besoin d'émotions vraies et pures... Avec cette vision éternelle de l'artiste au piano dans un puits de lumière.
Il semble qu'aujourd'hui William s'amuse plus. Il n'hésite pas à passer devant le piano. Il danse, il mime. Pantin désarticulé de ses chimères musicales.
Un tonnerre d'applaudissements et un public debout ont clôturé une soirée douce-amère. William Sheller nous a rendus à notre existence après nous avoir baladés dans ses émotions.
Sans tomber dans le désespoir, il joue la nostalgie. Lui, sa musique et ses musiciens forment un tout. Une symphonie humaine qui parle de nous.