Sud-Ouest
(édition de Gironde/communauté urbaine de Bordeaux)
9 mars 2000
-concert avec orchestre au Pin galant de Mérignac le 8 mars 2000-

Point de vue
William Sheller
(par Céline Musseau)



C'est sur la pointe des pieds qu'on entre dans le monde du chanteur à la voix discrète et sensible, comme lui est rentré chez nous depuis tant d'années sans que l'on s'en aperçoive. Dans sa bulle, entouré d'une vingtaine de musiciens qui font un discret ballet à ses côtés, il cultive son grain de folie avec sérénité, et met en musiques les petits moments agréables de la vie, les joies ou bien les rencontres ratées, les errances. Il s'y attarde, égratigne au passage tous les gens trop sûrs d'eux, égoïstes, mais du bout des mots seulement, avec délicatesse. Délicatesse, humilité, sensibilité, mais également magicien, conteur, poète, tels sont les termes que chacun invoque sur son siège, happé par l'atmosphère feutrée et chaleureuse qui règne sur scène.
Chaque chanson est présentée, amenée au public comme un nouveau voyage, une nouvelle rencontre. Avec tendresse ou humour, le « symphoman » comme on le surnomme, dédie  Un homme heureux à son père, musicien de jazz ou Photos-souvenirs  à Véronique Sanson qui n'avait jamais remarqué que c'était un hommage, avant qu'il le lui dise. Ce spectacle est un mélange de morceaux de son dernier album, Les machines absurdes et d'anciens succès réorchestrés. Les cordes et les instruments à vent ont la part belle, apportant une touche mélancolique ou plus joyeuse, selon l'humeur de l'artiste. Ainsi, Le Carnet à spirale prend une nouvelle dimension avec un sextet à vent, ou Script,  ironiquement dénommée chanson sans parole, est interprétée par un quatuor à cordes. Décontracté, simple et drôle, William Sheller est un alchimiste qui fabrique des petits bijoux poétiques.