Le Soir
1er avril 2000

-Concert au Forest National de Bruxelles, 30 mars 2000-

Point de vue musique
Le petit William et son orchestre
(par Thierry Coljon)




William Sheller a bien rempli un demi-Forest, jeudi soir. Sans machines absurdes, mais avec son grand orchestre belge.
Jean-Pierre Catoul ne dirige plus l'orchestre à cordes de William Sheller, mais c'est toujours entouré de musiciens liégeois et bruxellois que le chanteur français s'est offert Forest-National pour changer. L'an dernier, William était déjà venu aux Beaux-Arts de Bruxelles et de Charleroi pour un répertoire «best of» en piano solo.
Cette fois, il s'agissait d'une grande salle, d'un orchestre de vingt pièces et de la promotion d'un nouvel album, Machines absurdes, qui se veut à cheval entre le synthétique et les cordes. Sur scène, les machines sont absentes, mais pas le reste. Poussant le soin du détail jusqu'à s'habiller du même ensemble qu'en 1999 (ce qui lui permettait de se passer de la présence des photographes !), William n'a donc pas véritablement tranché avec ce qu'on connaissait de lui sur scène (même si l'on remonte au Cirque royal).
Si les titres de Machines absurdes ne sont pas oubliés, la colonne vertébrale du spectacle très bien mis en lumière reste la compilation de ses plus belles chansons. Tout l'intérêt - et donc seul élément réellement neuf - vient des nouveaux arrangements. Nicolas en quatuor à cordes, Oh ! J’cours tout seul (piano + contrebasse + sax), le basson du Carnet à spirale, le cor dans Les miroirs dans la boue, le duo piano-cornet pour Un homme heureux dédié à son père de 76 ans, contrebassiste vivant à Miami, et avec qui il aimerait tant un jour jouer...
William enchante le public en réussissant à préserver intacte l'émotion dans une salle qui ne s'y prête guère. Visuellement, William est tout petit, tout loin, mais, par le cœur et les chansons, il était tout proche, en communion avec un public qui ne se lassera jamais de la poésie de ses textes, de la beauté de ses mélodies, du raffinement de ses arrangements et de cette voix complice...