Le Monde
16 novembre 2004

William Sheller. Epures



William Sheller se fait rare au disque, ce qui le rend d’autant plus précieux. Plus de quatre années se sont écoulées entre Les Machines absurdes –dont il reprend ici la chanson titre- et ces Epures qui permettent au « Symphoman » de renouer, comme le titre l’indique, avec la simplicité de la forme piano-chant, celle de son plus grand succès, Sheller en solitaire.
Voila qui place immédiatement l’auditeur en terrain familier avec cette voix timidement blanche, cette détresse pudique contant les vicissitudes du quotidien et les amours malades quand la pluie d’automne cingle la fenêtre. La morosité est subtilement rehaussée par un clavier mélomane fuguant dans le souvenir de Bach (Elvira), ou baigné dans l’impressionnisme de maîtres français comme Debussy ou Fauré.
Jamais sans doute la sensibilité de Sheller ne s’est autant rapprochée de celle de Barbara, dont il fut l’arrangeur. On pourrait reprocher au musicien de s’adosser à son savoir-faire si Sheller n’excellait dans le registre des cantilènes, ces chansons mélancoliques et (faussement) simples.