Ouest-France
(édition de Rennes)
21 mars 2005
-Concert au Liberté de Rennes, 18 mars 2005-

Triomphe mérité pour Sheller au Liberté
(par Benoît Le Breton)



« Un vrai trousseau de clés, ce concert ! » Eh oui, madame, même une fan comme vous n'avez pas encore percé la part de mystère des chansons de William Sheller. Vendredi, au Liberté, l'artiste a tout dit - ou presque - à son public, livrant les clés de ses plus grands succès, nés de souvenirs d'enfance, d'une nuit passée chez la voisine Yvonne, « son chien Mickey et sa soupe aux poireaux. »

Parfois, une note, suggérée par un piano ami, suffit à déclencher le mécanisme de la création. Quand ce n'est pas le fameux vibrato de Véronique Sanson qui lui inspire Photos-souvenirs. L'artiste fait visiter au public son jardin secret. Pas de déballage, ni d'impudeur. Pas le genre de William Sheller. Juste une proximité toute simple, bourrée d'humour et d'une autodérision qui sonne juste. Pourtant, les conditions, qui inciteraient à la confidence, ne sont pas, a priori, réunies.

Sheller qui a cette capacité d'être aussi à l'aise seul au piano qu'au milieu d'un orchestre, a fait les choses en grand pour ses trente ans de succès. Dix-huit musiciens l'entourent sur scène. Pas terrible pour l'intimité. Sauf que cette véritable formation symphonique joue le jeu de la décontraction. Sans arrêt en mouvement, elle a la souplesse et la chaleur d'un trio de jazz. Avec, en prime, cette puissance de feu, d'évocation lyrique qui fait merveille sur quelques titres toujours aussi exaltants, malgré les années, comme Fier et fou de vous, Oh ! J'cours tout seul, Excalibur ou encore Les filles de l'aurore et son cortège émouvant de violons. De ses plus grands succès, aucun n'a été oublié, d'Un homme heureux, bien sûr, jusqu'au désinvolte Rock'n’dollars des débuts, en passant par une version très cuivrée du Carnet à spirale.

Au milieu d'une rafale de rappels, Sheller et ses amis n'ont vraiment pas volé la standing ovation à tout casser du Liberté.