24 Heures
7 octobre 2005
-Concert au Théâtre de Beausobre à Morges, 5 octobre 2005-

CHANSON.
Un homme heureux fête ses trois décennies de chanson sur la scène de Beausobre. Critique.

William Sheller en aparté

(par Cédric Jotterand)

 

Look de boy-scout, bermuda et chaussettes de tennis, William Sheller déclenche les rires dès son entrée en scène, comme pour tordre le cou à cette image de «bonhomme triste présentée si souvent» qui commence toutefois à se décoller doucement.
Après la sortie l’an dernier d’un album sobrement baptisé Epures, où il s’exprimait seul derrière son Steinway, Sheller traverse maintenant les villes francophones, comme mercredi soir à Morges, accompagné d’un quatuor à cordes qui sublime certains morceaux, à l’image de Toutes les choses qu’on lui donne.
«Beausobre célèbre ses 20 ans l’année même où je fête trois décennies de chansons. C’est une belle rencontre», lâche-t-il dans le monologue qu’il entretient avec le public, une façon ludique d’expliquer l’origine de chacun des textes, nés dans la Sologne où il crée. «Cette formule avec quatuor me plaît beaucoup, car elle permet de raconter des choses, d’en échanger davantage encore.»
Entre deux titres, l’on apprend ainsi que Oh ! j’cours tout seul s’est échappé d’une nuit de cauchemar, Les Filles de l’aurore d’une soirée trop arrosée, autant de petites clés qui donnent une autre signification à ces instants privilégiés qui ravissent des fans très respectueux de l’artiste.
Parce qu’il n’en a pas toujours donné l’impression, William Sheller semble cette fois incarner vraiment cet Homme heureux lorsque le public le rappelle à deux reprises pour prolonger un bonheur partagé. Un concert étonnant, passant des mélodies peu connues aux standards plus nombreux qu’on ne l’imagine, lequel donne l’impression d’un représentation en aparté avec cet OVNI de la variété  française qui manie aussi bien l’émotion que les sourires complices. «Le seul problème qu’il y a avec ma musique bio, sans synthétiseur, c’est que l’on doit parfois s’accorder avec l’orchestre.» Ce qui ne fait pas de mal, lorsque c’est pour le meilleur.