Télé Moustique
14 décembre 2005

William Sheller
«Je fais partie des références»

(par Luc Lorfèvre)



Avec son éternel look de Tintin, le pianiste songwriter s’offre une intégrale pour ses 30 ans de carrière.


« Donnez-moi madame s’il vous plaît du ketchup pour mon hamburger. » C’était en 1975. William Sheller signait son premier tube solo avec le pastiche Rock’n’dollars. « Une casserole que j’ai traînée trop longtemps », avoue-t-il aujourd’hui. Moi qui rêvais d’écrire des mini-symphonies avec piano et orchestre, je me retrouvais à faire le zouave en cover de magazines avec ma veste fluo et mes drôles de chaussures. » Trente ans plus tard, William Hand –son vrai nom- pose « Un caillou blanc sur sa route » avec Chemin de traverse, intégrale rassemblant albums studio, live, B.O, clips « et aussi quelques vieilleries dont j’avais quasiment oublié l’existence ». Repères…

Premier succès.
« C’était bien avant que je me lance sous le nom de Sheller. Influencé par les synthés du groupe anglais Procol Harum, j’ai composé My year is a day pour mon groupe d’alors "Les Irrésistibles" (1). On m’a très vite proposé de faire un second titre dans le même genre. J’ai préféré enregistrer un disque concept, Lux aeterna, pour le mariage d’un couple d’amis. J’ai dû en vendre cinq exemplaires. Aujourd’hui, les groupes de hip-hop japonais samplent ce disque. »

Première télé.
« Philippe Bouvard me propose d’interpréter Rock'n'dollars dans son émission, mais il me dit que c’est pour la séquence "La chanson idiote". Je lui réponds que ma carrière va être ruinée. Il insiste, affirme que c’est le public qui jugera si c’est idiot ou non, rappelle que c’est le moment le plus regardé de l’émission. J’accepte et je fais bien. »

Premier trip.

« Dans les années 70, on sortait un album en janvier, on donnait des galas jusqu’à l’été et on rentrait en studio à l’automne pour faire le prochain disque. Pendant deux ans, je suis resté sans la moindre inspiration. Ma firme de disques me pousse au travail et pour avoir la paix, je lui dis que je veux bosser à Los Angeles avec des musiciens américains. A ma grande surprise, elle accepte et me donne un gros budget. J’ai pris l’avion sans la moindre chanson et je suis revenu avec Nicolas (1980), l’un des disques dont je reste le plus fier. »

Premier flash.
« Lorsqu’ils se posent sur le piano, mes doigts n’ont jamais été monopolisés par un artiste, une influence, une chanson. Pour résumer, on dira que je suis l’enfant des Beatles et de Mozart avec une obsession particulière pour la mélodie. »

Première fois.
« C’est toujours prétentieux de dire qu’on est un précurseur. Mais quand j’entends des chansons à la radio, je me dis parfois : "Celui-là, il y a de fortes chances qu’il ait écouté mes albums". En mélangeant des guitares électriques et du violoncelle, je fais partie des références, comme tous ces artistes qui essaient d’être au-dessus des genres. Des artistes comme Murat ou Saez m’ont fait l’honneur de me présenter leurs premières esquisses alors qu’ils étaient à la recherche d’une firme de disques. »

Premier sur la liste.

« Ma chanson préférée reste Un homme heureux (1993) (2). Tout le monde la connaît. Elle a un côté intemporel, un peu comme Foule sentimentale, Les feuilles mortes ou Avec le temps. Pour un auteur-compositeur, c’est quelque chose d’énorme. J’espère qu’il y en aura d’autres. Pour mes albums, je choisirais Univers (1987). J’avais le bon groupe, le bon studio et la bonne inspiration. »  

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William Sheller. Parade au Cirque royal, CD ou DVD Universal.

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Notes du site :
(1) William ne faisait pas partie du groupe des Irrésistibles, qui était constitué de quatre jeunes chanteurs américains. Mais il a composé pour eux la musique de My year is a day.
(2) Un homme heureux est paru en 1991 dans l'album Sheller en solitaire.