L'Est républicain
1er décembre 2006
-Concert du 30-11-06 à l'espace Chaudeau de Ludres-

William Sheller confidentiel
(par Philippe Mercier)



Seul à son piano noir, hier soir, à l'espace Chaudeau, à Ludres...

«Piano solo», titre du spectacle, comme une annonce au public, presqu'un avertissement. William Sheller est seul en scène derrière son piano, alternant ses chansons, les interprétant comme il les a écrites, chez lui, seul derrière le piano, sans le secours d'un système musical sur ordinateur.

Piano veut aussi dire doucement, sur les pages de musique. Piano veut dire que William Sheller noue un contact particulier avec le public. Peut-être de l'ordre de l'intime. Comme lors d'une veillée au coin du feu. Près de l'instrument à touches blanches et noires. Un désir qui explique probablement son refus de laisser les photographes de presse prendre quelques clichés, même en début de spectacle. Pour ne pas troubler le récital.

Il faut se contenter du moment des réglages techniques, dans l'après-midi, quelques heures avant l'arrivée des gens. William Sheller exigeant, précis, à l'écoute du son produit, ne négligeant aucun détail, devant le Steinway à queue de l'espace Chaudeau, à Ludres.

C'est sa marque, l'exigence. C'est ce qui l'a amené à plaquer le showbiz, le business, à la fin des années 70, lui qui a étudié Stravinsky pendant des centaines d'heures, dans sa jeunesse, s'est échiné à maîtriser le solfège jusqu'à en avoir mal au crâne, avec pour maître un élève de Gabriel Fauré, compositeur et théoricien de l'harmonie, qui lui a appris le piano, l'harmonie, la fugue, le contrepoint, l'orchestration, et même le latin.

Puis ce fut la rencontre avec Barbara, en 1973. Collaboration fructueuse. «Tu devrais chanter», lui dit-elle enfin. William Sheller entre dans le showbiz et déteste. Il finit par faire ce qu'il aime, commençant une autre vie en 1979 avec des titres comme Nicolas, ou Oh ! J'cours tout seul.

«La pluie fait des miroirs dans la boue - Je t'ai cherché partout». Le chanteur aime la poésie de la vie. Histoires simples, souvent un peu tristes, empreintes de nostalgie, racontant des moments de solitude.
Mais une solitude partagée. Avec son public.