L'Est républicain N°40417
(éd. du Doubs)
5 décembre 2011
-piano-solo au Théâtre musical de Besançon, 3-12-2011-

BILLET
Mon cher William
(par Michèle Yahyaoui)


Tu permets qu’on se dise tu, après cette soirée passée ensemble. Comment, tu ne t’en souviens pas ? C’était samedi soir au Théâtre musical.
Tu joues les premières notes de « Nicolas, il veut pas qu’on l’embête…» et aussitôt les cœurs chavirent, les flashes crépitent. William Sheller est dans la boîte.
Est-ce ton timbre de voix, ton intonation ou ta façon de jouer avec les sons ? Tes chansons touchent pour de bon.
OK, samedi soir, tu es un peu patraque et patatras, tu tousses et tu n’as plus qu’à recommencer des morceaux déjà entamés.
Ce n’est pas comme si tu étais en concert, on est entre nous. Mais non, tu ne cours pas tout seul, regarde comme la salle est comble. Soudain, voilà que tu craques et c’est pas des histoires. Tu t’adresses à quelqu’un dans le noir : « Quand vous aurez fait 216 photos, vous arrêterez ».
Tu parles de la pluie et des feuilles mortes. Quelle est cette nostalgie qui t’étreint ? Tu sais bien que cela ne tient souvent à presque rien, un simple geste de la main.
Tu as le sentiment d’être devant un sapin de Noël, tant les flashes scintillent dans la nuit. Et cela t’ennuie.
Alors quoi, tu ne veux plus être un homme heureux ? Si, ah super. Le public t’immortalise à nouveau avec ton piano.
Ce billet ne sera cependant illustré, car notre photographe n’a pas été autorisé à faire des photos pendant le spectacle. « Revenez aux rappels », lui a-t-on demandé. Ris-en si tu veux, il faudra bien y croire.