Le Miroir
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31 mars 2014

William et son orchestre
(par Marion Chevassus)


William Sheller, vous connaissez forcément. Si, si, rappelez-vous ! En 1980, il joue le jeu du fluo et de la légèreté avec Fier et fou de vous. Un titre lointainement inspiré de Polnareff nous a-t-il confié hier soir, jeudi 27 mars, à l’Ogive (Chevigny-Saint-Sauveur).
Nous étions à peu près 900 à venir avec nos souvenirs. Ceux de l’auditorium lorsqu’il a donné son concert en solitaire dans les années 2000, ou un peu plus tôt au Château de Clos-de-Vougeot, accompagné d’un ensemble classique.


Sheller pop classique

Lui aussi est venu avec une valise de souvenirs. A chaque chanson son anecdote marrante. J’cours tout seul lui a été inspiré par un rêve récurrent et effrayant dans lequel il était rattrapé par un train, Maman est folle, par un gamin bruyant par une belle après-midi champêtre, en pleine sieste, qui répétait inlassablement « Maman est folle ». Les filles de l’Aurore, c’est après une soirée arrosée avec ses artistes, au petit matin, qu’elle lui est venue. Les Machines absurdes, c’était un soir auprès d’un lac, alors qu’il distinguait les lumières oranges de voitures au loin. Le Capitaine est un pastiche de l’opéra Madame Butterfly qu’il a découvert depuis les coulisses, emmené par un grand-père décorateur à l’Opéra de Paris. Et ainsi de suite.

Venu avec un quatuor de cordes issu de l’orchestre de Liège, le quatuor Stevens, il a proposé une version douce de ses tubes, à mi-chemin entre le classique et la pop. Moins énergique qu’il y a 20 ans, il donne par exemple une magnifique tonalité onirique aux Filles de l’Aurore. Quand on l’écoute, on pense à la bande-originale des Bêtes du Sud Sauvage (Dan Romer & Beinh Zeitlin). Quand il quitte le piano à queue, c’est pour offrir deux morceaux de sa composition, « racontés » par le quatuor : Baba Yaga est l’interprétation musicale d’un conte slave et Pepper Land, écrit pour une amie bédéiste et son monde merveilleux à Bruxelles.

William Sheller, poussé par la chanteuse Barbara à se lancer dans une carrière, et lui même déclencheur de celle du chanteur dijonnais Damien Saez, s’inscrit dans une continuité brodant textes contemporains et poétiques, parfois noirs sur des trames instrumentales ciselées. Enfin, ça c’est aujourd’hui, avec la sagesse de l’âge.