Un samedi soir dans les étoiles avec William Sheller. Difficile de trouver un siège de libre dans la grande salle du Quartz. Une immense vague d'affection entoure le chanteur qui n'est pas venu seul. Un talentueux quatuor à cordes classique de l'Opéra de Liège l'accompagne. L'adéquation parfaite.
Ses paroles et sa voix nous caressent depuis longtemps, sans jamais nous lasser. Et si l'homme apparaît fragilisé, l'artiste creuse le sillon d'une profondeur empreinte d'une légèreté indicible. Au fil de ce concert qui fait du bien, il balaie les couleurs des émotions en fines touches où dominent malgré tout les bleus d'une âme solitaire.
Chaque chanson naît d'une histoire, d'un moment vécu, d'un paysage, d'impressions fugaces qu'il raconte avec gourmandise, tout en pianotant. « Y a des choses qui vous arrivent dans la tête comme ça, parce que ce sont des souvenirs, des images qui transparaissent. » Et d'égrener quelques-uns de ses succès, Oh, j'cours tout seul, Nicolas, Cuir de Russie, Les Filles de l'aurore, Maman est folle, Genève, Les Orgueilleuses, en hommage à l'univers de Barbara...
Courtes nouvelles qui ne s'embarrassent pas de longues descriptions, mais vont droit au but. Flèches que les traits des instruments à cordes appuient ou accompagnent comme le souffle du vent. Il confie d'ailleurs deux de ses compositions à son quatuor, ses « amis ».
Mais n'allez pas croire que William Sheller n'est que nostalgie, l'humour s'invite souvent tout au long de la soirée. Avec, là encore, une façon qui n'appartient qu'à lui, sans en avoir l'air.
Impossible de terminer le concert sans Un homme heureux qu'il offre en bis dans un silence religieux, ainsi qu'une version revisitée de son Carnet à spirale.
La salle est debout. Certains se précipitent vers la scène pour lui serrer la main. Dans le public, Marie-Dominique et Jean-Yves savourent eux aussi le moment. « C'est une belle personne. Il a su nous mettre dans une bulle de poésie. » 
